Exercice de la réflexion, culture philosophique et expérience du réel
Exercice de la réflexion, culture philosophique et expérience du réel
Rendre les élèves sensibles à la « complexité du réel  », comme y appelle le préambule du programme de 2003, c’est penser l’expérience du réel comme résultat d’un travail de pensée et non comme un ensemble de « faits  » donnés et pris comme illustrations ou comme exemples servant à justifier (ou à invalider) une thèse particulière ou une théorie.
Ainsi conçue comme horizon du travail philosophique, la saisie du réel dans sa complexité est indissociable de l’effort pour dépasser l’unilatéralité des points de vue particuliers et abstraits dans un effort de synthèse. C’est ainsi que l’on pourrait comprendre la troisième maxime du sens commun de Kant (Critique de la faculté de juger, § 40 ; Anthropologie d’un point de vue pragmatique, § 43 et 59), si du moins on accepte de repenser la seconde maxime (maxime de la « pensée élargie  ») comme ouverture d’esprit produite par le dialogue effectif avec la pensée d’un autre, ouverture que procure, en particulier la lecture des philosophes.
Sur le lien qui unit l’expérience du réel et les deux principales caractéristiques de l’enseignement philosophiques (être un programme de notions et d’auteurs) voir André Pessel, « La philosophie des programmes actuels de philosophie  », Le Débat, n° 101, septembre-octobre 1998
Sur l’impossibilité de parvenir seul à « penser à la place de tout autre  » (définition de la « pensée élargie  » dans le § 40 de la Critique de la faculté de juger de Kant), voir Habermas, De l’éthique de la discussion, p. 18 (pensée élargie par la discussion) ; Morale et communication, p. 89 (« Il est requis de mener une discussion réelle  »).